Etude de la biodiversité de l'aire protégée "Jbel Hbib" -Cartographie et Télédetection


Biodiversité de l'aire protégée Jbel Hbib (Nord du MAROC)


(Aire protégée Jbel Hbib) Aperçu  en 3D 



Introduction:

Au Maroc, la biodiversité est représentée par plus de 24 000 espèces animales et 7000 taxons végétales avec un taux d’endémisme global de 11% pour la faune et de plus de 20% pour les plantes vasculaires, taux presque sans égal dans tout le bassin méditerranéen . La diversité des écosystèmes est tout aussi remarquable. En effet, en plus des écosystèmes côtiers et marins, méditerranéens ou atlantiques, une quarantaine de milieux continentaux ont été identifiés comme particulièrement riches en biodiversité, dont près des trois quart sont représentés par des écosystèmes forestiers stricts (forêt) et des écosystèmes pré-forestiers et pré-steppiques. Des sources antérieures (Ibn Tattou et Fennane, 1989) font état de 4200 espèces et sous espèces végétales vasculaires existant au Maroc répartis sur 940 genres et 135 familles dont 20% endémiques, et de 550 espèces de vertébrés environ dont 6,3% endémiques.
Cette biodiversité, du fait de ces diverses utilisations, des divers services vitaux fournis par les écosystèmes, revêt pour l’homme une importance capitale. Ses principales valeurs décelables sur le plan économique, culturel et social, écologique et symbolique, aident à mieux apprécier son importance.
Cependant, cette remarquable biodiversité du Maroc ne cesse de s’estomper au cours de ces dernières décennies. On estime que 1/3 des écosystèmes sont très dégradés, fragilisés et en voie de disparaître sur le court terme, 31.000 ha de forêt et 22.000 ha de parcours subissent les différents processus de dégradation chaque année (Samuel, 1996). A ceux-ci, s’ajoute une longue liste d’espèces faunistiques disparues, rares, ou menacées.
Les principaux facteurs identifiés comme causes de cette régression de la biodiversité sont nombreux mais le facteur anthropique reste sans nul doute la cause majeure. Au Maroc, cette dernière se présente sous diverses formes, à savoir l’exploitation abusive faite sur les ressources naturelles, l’urbanisation et l’occupation du littoral, le défrichement et la mise en culture des forêts et autres écosystèmes naturels. Ceux-ci, provoquent la dégradation, la fragmentation des écosystèmes naturels, et par conséquent des habitats qui sont principalement à l’origine de l’important appauvrissement de la biodiversité (Benabid, 2000).
Les principaux objectifs de la mise en place de ces différentes aires protégées, est la préservation des écosystèmes représentatifs du patrimoine historique naturel et culturel garant du développement durable du Maroc.
L’aire protégée de Jbel Lahbib, est une aire protégée du domaine continental. Il figure parmi les sept sites du Maroc inclus dans la réserve de biosphère intercontinentale de la méditerranée (R.B.I.M) Maroc-Andalousie. Cette aire protégée renferme des écosystèmes particuliers assez conservés abritant des groupements végétaux aussi bien riches que diversifiés et une faune riche (Benabid, 1982; Anonyme, 1997). Mais les valeurs de biodiversité de cette aire protégée ne sont pas encore suffisamment connues.
La connaissance de l’état de la biodiversité, de ses valeurs et des évolutions spatio-temporelles à entreprendre dans le cadre d’un ensemble des cartes thématiques approprié permettra d’assurer la conservation et la valorisation des potentialités du site.
L’objectif global de ce travail de recherche est d’élaborer des cartes thématiques de l’aire protégée qui permettrait la bonne connaissance et la valorisation de cette région, tout en essayant de montrer et présenter tous les atouts de la région et sans oublier de mettre l’éclairage sur les points faibles et les menaces qui dévalorisent cette aire protégée.
Les objectifs spécifiques assignés à ce travail sont les suivants:
—        Avoir un document de base sur l’aire protégée « Jbel LAHBIB »
—        Réaliser un document bien détaillé qui inclue une étude globale sur l’aire protégée.
—        Réaliser des cartes thématiques sur la région afin de révéler les variations spatio-temporelles de cette aire protégée.
—        Dévoiler la richesse naturelle et culturelle peu connue de la région.
—        Mettre en valeur l’aire protégée et la population locale.
—        Contribuer à la conservation et à la valorisation de la biodiversité de la région.
—        La promotion d’un modèle de développement durable.

Les aires protégées au Maroc:


A l’instar de tous les pays de la planète, le Maroc s’est inscrit dans la politique de protection des richesses biologiques à travers la création et la mise en place d’un réseau national d’aires protégées permettant de garantir la sauvegarde et la pérennisation de ces espaces d’intérêt mondial.
Le réseau national des aires protégées, situé en grande partie dans les milieux forestiers, composé par les 154 Sites d’Intérêt Biologique et Écologique, représentatifs des 39 écosystèmes naturels du pays et couvrant une superficie totale de près de 4 millions d’hectares est la plate forme de la réussite de cette démarche (Naïm NACHID. 2010). Cette dernière repose sur les quatre principes fondamentaux suivants, qui tirent d’ailleurs leurs origines à partir du Programme Forestier National :
• Approche Patrimoniale ; • Approche Territoriale ;
 • Approche Partenariale ; • Approche Participative.
A cet effet, sur les 154 sites d’aires protégées précités, dont l’importance sur les plans de la recherche, de la conservation de la faune et la flore, du développement socioéconomique, de l’éducation environnementale et la récréation n’est pas à démontrer, une trentaine font partie actuellement de projets de conservation, de réhabilitation et de développement durable couvrant ainsi 50% de la superficie de la totalité du réseau national (Naïm NACHID. 2010).
Pendant cette dernière décade, la notion d’aires protégées et de gestion durable de la biodiversité commence à prendre de la place au sein des décideurs et de la société civile.
Conscient de ces faits, et suite à la conférence de Rio sur le développement durable, le Maroc, comme les autres pays de la communauté internationale a été appelé à mettre en place une stratégie nationale sur les aires protégées afin de pouvoir sauvegarder son patrimoine biologique dans un cadre institutionnel et planifié.
L’Étude Nationale sur les Aires Protégées finalisée en 1995 a permis de faire un constat sur les potentialités naturelles du pays, le statut des diverses espèces de faune et de flore, et de proposer la mise en place d’un réseau national d’aires protégées couvrant les principaux échantillons de la biodiversité marocaine.
Cette étude a permis de tirer les conclusions suivantes :
*Le Maroc occupe la 2ème place en matière de biodiversité à l’échelon de la méditerranée après la Turquie, avec un taux d’endémisme de plus de 20% ;
*1/3 de ses écosystèmes naturels sont dégradé ; 1/4 de sa flore est en danger ;
*10% des vertébrés sont en voie de disparition (Naïm NACHID. 2010).
Les Aires Protégées sont devenues des espaces naturels intégrées dans pratiquement tous les schémas d’aménagement du territoire ainsi que les projets de développement rural intégré. De même, l’administration gestionnaire des aires protégées est devenue un acteur principal dans l’élaboration des études d’aménagement du territoire et les études d’impact environnementaux touchant les espaces naturels en général et les éléments de la diversité biologique en particulier.
Aussi, la valorisation de ces aires protégées doit être la clé du développement durable puisque la question économique se trouve toujours dans le centre des débats. Des propositions audacieuses doivent être formulées, testées et évaluées puis généralisées pour faire sentir les retombées économiques des espaces naturels sur les populations usagères. Le développement de l’écotourisme avec ses différentes formules, de l’industrie des plantes aromatiques et médicinales, de la commercialisation des produits biologiques et labellisées sont autant de propositions concrètes et applicables pour générer des revenues alternatives aux usagers des espaces naturels.



I.2. La Réserve de la Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée (RBIM)

La Réserve de la Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée (RBIM) s’étend sur l’Andalousie, en Espagne et le nord du Maroc sur une superficie supérieure à un million d’hectares (Figure 1, 2). Classée par l’UNESCO en octobre 2006, il s’agit de l’unique aire protégée occupée par une mer et couvrant deux continents. Son objectif général est la promotion d'un modèle de développement durable. La dimension sociale de celui-ci est significative, étant donnée la nécessité de la participation active des populations locales, qui détiennent les savoirs traditionnels mais qui ont en même temps besoin d'être éduquées au sujet des innovations techniques nécessaires à la réorientation de leurs pratiques économiques, sur la base d'un modèle de développement rationnel qui puisse garantir un avenir digne et solidaire.
Objectifs de la RBIM :
Tel qu’établit par la stratégie du programme MaB-UNESCO (Séville 1995), les réserves de biosphère visent:
-          La conservation de la diversité naturelle et culturelle.
-          Le développement d’un modèle de gestion territoriale et la mise en œuvre d’un développement durable.
-          La promotion de la recherche, du suivi, de l’éducation et de la formation.
-          La promotion de la participation des sociétés locales.
-          Le développement de la coopération et de la collaboration logistique.
Parmi les objectifs spécifiques de la RBIM au niveau transfrontalier :
-          Promouvoir le développement et la consolidation du réseau d’espaces naturels protégés du sud de l’Andalousie et du nord du Maroc.
-          Promouvoir un modèle de développement durable favorisant la mise en valeur et la conservation des ressources naturelles et culturelles spécifiques et partagées du territoire de la RBIM, ainsi que la participation et le développement social et économique des populations locales concernées.
-          Promouvoir la coopération entre les deux pays et le développement d’outils communs de gestion et de coordination pour la conservation des ressources naturelles et le développement de l’homme (Plan d’Action de la RBIM, 2006).
La RBIM constitue une entité homogène et représentative des écosystèmes et de la culture de la Méditerranée occidentale. Elle offre une énorme diversité d’habitats, d’espèces résidentes et d’endémismes. De plus, au niveau international, c’est un espace de premier ordre pour les espèces migratoires terrestres et marines. Son territoire transfrontalier partage de nombreux éléments en matière de patrimoine historique, artistique et culturel ainsi que de nombreuses traditions en matière de valorisation et de gestion des ressources naturelles.
 Présentation de l'aire protégée Jbel Hbib:

La zone d’étude se situe dans une région hautement qualifiée comme un hot-spot de la biodiversité, la raison pour laquelle elle est classée parmi la Réserve de la Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée (RBIM). Ce choix n’est pas dû au hasard, mais, parce que c’est une région qui recèle une diversité spécifique très remarquable, et malgré tout cela, elle souffre d’une mauvaise gestion du milieu naturel, chose qui la laisse mal connue et non développée.
  Ainsi, le choix de cette région s’est basé sur ces points faibles et sur le manque d’études réalisées sur cette aire protégée surtout dans le domaine de la cartographie, mais aussi, sur les points à améliorer et les points forts. Dans cette présente étude, nous allons essayer de le mettre en valeur, renforcer sa protection et maintenir ce patrimoine naturel remarquable.














Figure 5: Vue en 3D de l’aire protégée « Jbel Hbib » ,versant Nord-Est
(MNT ASTER GDEM texturé par une image GeoEye1 du 09//2009)

Situation géographique

L’aire protégée de Jbel Lahbib fait partie du massif forestier de Jbel Lahbib, situé sur une des montagnes de la chaine rifaine qui culmine à 915 m, se situe entre la latitude 35°24’33,19’’ N et 35°31’48,30’’ N et la longitude 5°41’19,99’’W et 5°49’10,87’’W. S’étendant sur une superficie de 3409 ha, cette aire protégée couvre les parties hautes des versants nord et sud de cette chaîne de montagne. Il se trouve à 5 km à l’est de la Commune rurale de Jbel Lahbib et à 2,645 km au sud du barrage 9 avril . Il est limité au sud par l’oued Fatêt, à l’est par une piste qui relie les douars Bni Hâtem et Harcha (PDAP. 1996).
 
















Image satellite Landsat 7 TM 4-5 (09/05/2011) en composition colorée (5,4,3) "En rouge l’aire d’étude"

Situation administrative 

L’aire protégée de Jbel Lahbib se trouve entièrement dans la province de Tétouan, il relève des cercles de Tétouan et de Jbala, de caïdat de Ben Karrich et Jbel Lahbib. Il occupe les parties sud de la commune rurale de Bni Harchen, à l’ouest de la commune rurale Jbel Lahbib et au nord de la commune rurale d’Al Karroub. Le site se situe en grande partie dans les communes rurales de Jbel Lahbib (1793,87 ha), et Bni Harchen (1170,97 ha) ; seuls 444,16 ha se trouvent dans la commune rurale d’Al Kharroub.

Situation forestière 

La zone d’étude est ancrée en totalité dans le massif forestier de Jbel Lahbib. Sa gestion relève du point de vu forestier (IFN. 1990-2005) à la Direction Régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification du Rif (DREFLCD-Rif) (Figure 8), de la Direction Provinciale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification de Tétouan (DPEFLCD-Tétouan), du Centre de Conservation et de Développement des Ressources Forestières de Ben Karrich. Le secteur d’El Harcha est le seul secteur responsable de la gestion de l’aire protégée (SDAFR. 2004).


Géologie et Géomorphologie

Les principales unités géologiques qui existent dans notre zone d’étude sont (El Gharbaoui. 1981) :
L’unité de Tanger du domaine externe, le domaine des flyschs est constitué des flyschs numidiens, en plus des formations post-nappes,
L’unité de Tanger du domaine externe affleure surtout entre les nappes numidiennes de Talat Lakrah. Elle est essentiellement constituée de marnes du Crétacé, les faciès caractéristiques étant: Faciès marneux, marno-calcaire à boules jaunes et argileux; Argiles calcaireuses gris violacé ; Faciès argileux dominant; Argilites pélitiques grises.
La zone est caractérisée sur le plan Géomorphologique par (El Gharbaoui. 1981):
- Une crête gréseuse du Numidien et des flyschs marno-gréseux de Talaa  Lakraa
- Les formations tendres de l'unité de Tanger;
- Les coulées boueuses témoignant d'un phénomène de solifluxion.
Des barres de grès et quartzite résultant de l'érosion différentielle dans les flyschs sont un trait remarquable dans l’aire protégée de Jbel Lahbib, les bancs durs restent en saillie après érosion des matériaux tendres sous-jacents.
L’aire protégée de Jbel Lahbib se caractérise par des crêtes plates qui offrent une vue panoramique du site et des paysages aux alentours.
Pour les expositions : - 816 ha de l’aire protégée de Jbel Lahbib se situent sur une zone favorable à la pluviométrie (expositions nord, nord-ouest, ouest) ;
  -1639 ha se trouvent dans une zone défavorable à la pluviométrie (expositions est, sud-est, sud).


Précipitations 

L'étude climatique de l’aire protégée de Jbel Lahbib s'est réalisée à partir des données mensuelles et annuelles des principales stations météorologiques de la zone d’étude. Ces données couvrent une période assez importante (1980-2006) bien qu’elles restent en partie lacunaires sur certaines stations (ABHL. 2009).
La figure 9 montre que la période la plus pluvieuse se situe entre le mois d’octobre et d’avril avec des variations allant de 50,3mm à 100mm. Elle dévoile une différence assez nette entre les différentes stations de l’aire protégée, la station de Skarrich a enregistré des valeurs de précipitation annuelle très élevées par rapport aux autres. 








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dimanche 30 septembre 2012